Les incendies d’usines, d’entrepôts industriels ou agricoles, de grandes surfaces commerciales, de déchets et de véhicules de transport de matières dangereuses sont, hélas, monnaie courante. Ils sont susceptibles de contraindre les services de l’État à procéder à des évacuations ou à des interdictions d’usage de l’eau potable et de la consommation / commercialisation des légumes et autres denrées alimentaires.
Le risque majeur dans le domaine des incendies et explosions d’origine industrielle – les uns vont rarement sans les autres – est de méconnaître les sources potentiellement toxiques.
Qu’y a-t-il dans ce hangar agricole qui brûle, quelles sont les matières dangereuses dans ce train qui déraille, cet avion qui s’écrase, ce camion ou ce cargo qui s’embrasent? Quand un entrepôt regorgeant de matériaux combustibles prend feu et « part en fumée » selon l’expression consacrée qui à dire vrai se lit comme un écran de fumée, c’est en clair un panache de polluants toxiques qui part à l’attaque de la santé publique et de l’environnement.
Les conséquences d’un tel incendie dépassent toujours les limites du site sinistré.
La surveillance des pollutions atmosphériques des incendies et des risques sanitaires immédiats sont coordonnées par les Associations de surveillance de la Qualité de l’Air Ambiant (AsQAA) dont la vocation première est de mesurer les polluants émis par les activités de transport et de chauffage dans les milieux urbains et périurbains.
Ces organismes n’ont pas toujours les moyens techniques d’identifier et d’analyser en temps réel les acides, les hydrocarbures, les composés chlorés, phosphorés, bromés, les mercaptans émis par un incendie d’origine industrielle. Suite au retour d’expérience de l’incendie de Lubrizol, les sites classés Seveso ont pour obligation de prévoir la composition des fumées en cas d’incendie, et de disposer des moyens de prélèvements et d’analyses pour répondre aux questions de première urgence.
Aux fumées, aux suies, aux cendres et aux gaz toxiques de la combustion, s’ajoutent les eaux et autres agents d’extinction que les services de secours ne peuvent pas confiner et qui menacent les ressources aquatiques. La part nocive de l’incendie technologique, c’est aussi l’eau de pluie qui délave l’ex-scène du feu et entraîne les résidus de combustion. Si des mesures rapides d’évaluation des risques, de mise en sécurité et d’évacuation des déchets ne sont pas prises, l’incendie technologique sera le fait initiateur d’un nouveau site pollué.